Colette aurait sans doute détesté être au centre de l'attention de notre petite communauté, elle qui avait élevé la discrétion au rang d'art de vivre, profitant de sa petite taille et de sa voix si douce pour travailler au profit de tous sans que l'on s'en rende compte.
Pour autant, et votre présence en témoigne, Colette a noué durant ces 8 années avec chacun de nous des relations profondes.
Elle a bien sûr énormément apporté à la garderie, de façon visible en réorganisant jour après jour les locaux
mais c'est surtout dans les relations subtiles et fermes qu'elle a su établir avec et entre les différents acteurs de la vie scolaire et périscolaire que réside son apport le plus important.
Agents, parents, enseignants et, bien sûr enfants et élus gardent chacun un souvenir précis de cette présence
Les enfants étaient un centre d'intérêt majeur pour Colette : les aléas de la vie, et tout particulièrement un grave accident, ont brisé sa carrière de directrice de crèche.
Le mandat municipal lui a permis de revenir, sur un mode bénévole mais toujours aussi déterminé, auprès des enfants.
Colette a incarné au meilleur niveau l'élue locale que les Français plébiscitent, désintéressée mais impliquée, bénévole mais assurant pleinement ses responsabilités, disponible au jour le jour mais capable de prendre du recul.
La mission de Colette n'a pas toujours été une partie de plaisir. La tâche est restée rude jusqu'à la fin. Car les questions touchant à l'école et à l'enfance sont compliquées et surtout instables ces dernières années.
On ne dira jamais assez la patience et la détermination de Colette à faire vivre et développer la garderie puis l'ALAE.
CAF, NAP, PSO, PEDT autant de sigles cachant des mécanismes et des institutions complexes qu'elle a apprivoisés pour améliorer chaque jour un peu plus l'accueil des enfants et de leurs familles.
Elle n'aura pas vu se conclure cette première année de Nouvelles Activités Pédagogiques qui ont été sa dernière source de préoccupation.
Nous avons été, je crois, fidèles à l'esprit qu'elle a insufflé : un mélange d'ambitions dans les objectifs et de modestie dans les moyens pour rester en phase avec notre mode de vie mais avec le budget bastidois.
Dans la voie qu'elle nous a tracé, nous avons essayé de concocter un cocktail efficace à base d'implication des bénévoles et de professionnalisme des agents.
Colette nous manque parce qu'elle était exigeante et bienveillante.
Elle nous manque parce qu'elle assurait un lien invisible et essentiel entre nous tous.
Elle me manque parce qu'elle était à la fois franche et loyale, sensible et déterminée, parce qu'elle poussait toujours un peu plus loin ses limites physiques pour répondre à mes sollicitations ou à mes craintes.
À José, à sa famille et à tous ses amis, je redis notre profonde sympathie et l'assurance que les petites graines semées par Colette 8 années durant continueront à donner de belles récoltes.
Pour finir, je voudrais vous donner quelques mots d'explication sur le choix du Conseil de donner le nom de Colette à ce jardin.
Nous avons cherché un lieu qui incarne ses valeurs et ses priorités. En définitive, ce jardin est lien le carrefour de son amour de la nature et de l'attention qu'elle a portée aux enfants.
Assis sur le banc en grès clair, on pourra jeter un œil dans la cour de l'école et vers l'aire de jeux, tout en écoutant les arbres pousser. En se levant, on apercevra même la rivière sur laquelle Colette et José ont tant pêché, et qu'ils m'ont fait découvrir.
La pergola et la tonnelle sont des réalisations d'un chantier loisirs jeunes, dispositif que Colette souhaitait relancer pour maintenir le lien avec les jeunes adolescents. Nous essaierons de reprendre ce projet.
Mais le plus important est que ce jardin est un lieu de vie, une sorte de prolongement de celle, trop courte, de Colette.
François Vergnes, Labastide, le 25 juin 2015